Éviter les discriminations véhiculées par le langage, c’est le but de la communication non genrée. Un problème de taille se pose à nous, rédacteurs et rédactrices web, propriétaires de sites web ou de blogs, web entrepreneur·e·s : écriture neutre et SEO font-ils bon ménage ? Faire plaisir aux algorithmes , penser à la fois à chaque lecteur·rice, avec un texte fluide, un champ sémantique dense, une structure d’article cohérente. Comment concilier écriture inclusive et site web ? Le ou la rédactrice web doit exécuter un numéro d’équilibriste qui peut sembler effrayant. Heureusement, trouver l’équilibre, cela s’apprend.

Comprendre les impacts de l’écriture neutre sur le SEO

Rappel : qu’est-ce que le langage inclusif ?

L’écriture inclusive, langage épicène, non sexiste, non genré, non binaire, non stéréotypé… Les appellations ne manquent pas et si elles recèlent quelques nuances, elles tendent toutes vers le même but  : une communication écrite non discriminante. Partant du principe que le langage structure la pensée, les partisans de l’écriture inclusive prônent une langue utilisant à parts égales le féminin et le masculin.

« Écriture inclusive : ensemble d’attentions graphiques et syntaxiques permettant d’assurer une égalité des représentations entre les femmes et les hommes » Raphaël Haddad, manuel d’écriture inclusive Mots-clés.

Problèmes soulevés par l’écriture neutre et le référencement

Rappelons que ce sont les algorithmes des moteurs de recherche qui positionnent les pages web dans la SERP (pour Search Engine Results Pages). Pour ce faire, ils se basent sur les mots-clés dans les contenus web, et particulièrement ceux placés dans les titres, sous-titres et URL. Or, les formes que l’on peut employer en écriture inclusive sont variées, ce qui pose potentiellement problème.

Par ailleurs, un autre point fort du référencement naturel repose sur la lisibilité des textes : lorsque l’on rédige sur internet, on doit prendre en compte l’expérience utilisateur (UX). Mais l’écriture non genrée n’alourdit-elle pas les textes ? N’est-elle pas trop complexe à lire et donc excluante pour celles et ceux qui ont des troubles de l’apprentissage ?

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Tests et analyses

Requêtes recherchées en écriture inclusive

Avec Google Trends, nous obtenons ce graphique, pour le nom  « musicien » :

graphique de Google Trends présentant trois courbes correspondant aux requêtes tapées par les internautes

Courbes présentant les moyennes des requêtes tapées par les internautes sur trois mois « musicien » en bleu ; en rouge « musicienne » ; en jaune « musicien·ne ».

Avec Google Ads :

  • « musicien » : le nombre moyen de recherches mensuelles est compris entre 1 000 et 10 000 ;
  • « musicienne » : entre 100 et 1 000 ;
  • « musicien·ne » : entre 0 et 10.

Bien que les résultats affichés avec certains outils ne soient pas forcément très précis, ils nous indiquent tout de même une nette tendance : les internautes ne tapent pas ou peu de requêtes en écriture neutre.

Les différentes formes d’écriture neutre

Vous pouvez faire le test. Si l’on tape des requêtes inclusives, comme bijoutier-ère, costumier/ère, acteur·rice, moniteur(rice)… Google affiche des résultats avec point médian, tiret, slash, parenthèses. Certaines formes typographiques  sont assimilées à d’autres par le moteur de recherche, et les résultats sont sensiblement les mêmes. Donc, si la requête clé tapée est inclusive, quelle que soit la forme choisie, les résultats de recherche seront inclusifs également. Au contraire, si la requête est non inclusive, les résultats des algorithmes de Google seront non inclusifs.

Conclusions

Finalement, écrire en langage inclusif sur le web, est-ce une bonne idée d’un point de vue SEO ? Pour le moment, les pages, sites et articles de blog basés sur des mots clés principaux avec point médian ne semblent pas favorisés. Optimiser vos textes selon les règles fixées par Google pour que les articles soient lus reste primordial bien sûr. Mais écrire de façon inclusive en veillant à la parité, à l’équilibre du féminin et du masculin, afin que chacun·e se sente concerné·e dans les textes, n’est-ce pas tout aussi important ? De plus, les résultats avec des points médians et autres symboles inclusifs existent bel et bien dans la SERP. Ainsi, on peut penser qu’à l’avenir le langage non genré s’imposera de plus en plus dans les résultats de Google.

D’ici là, comment trouver le bon compromis ? Saviez-vous qu’il existe plusieurs façons d’intégrer l’écriture inclusive à votre texte ? Des astuces que l’on peut varier ou multiplier, tout en étant conforme aux règles de la langue française ?

Intégrer l’écriture inclusive sur un site web : 7 conseils pour trouver le juste équilibre

1. Où employer un langage non discriminant dans son texte ?

Il vaut mieux éviter l’écriture inclusive à certains endroits stratégiques déterminants pour le référencement naturel, comme les titres et sous-titres (H1, H2, H3, etc.), la meta description et l’URL. Même chose pour les balises alternatives destinées aux malvoyant·e·s. Mais vous pouvez tout à fait l’intégrer dans le corps du texte, avec par exemple le point médian, la parenthèse, ou les solutions suivantes.

2. Féminisation des noms

Accorder en genre les noms de fonctions, grades, métiers et titres avec le sexe des personnes qui l’occupent.

Exemples : cheffe, préfète, archetière, chancelière, charpentière, sauveteuse…

Pour vous aider, retrouvez plus de 2 000 noms de métiers, titres, grades ou fonctions au masculin et au féminin dans le guide linguistique téléchargeable en ligne: « Femme, j’écris ton nom… Guide d’aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions ».

3. Cas du point médian

On peut tout à fait se permettre l’utilisation raisonnée du point médian dans le corps du texte. En effet, la pertinence du contenu et la richesse du champ sémantique sont des facteurs bien plus déterminants pour le référencement SEO. Préférez le point milieu, ou point d’altérité, aux slashs, tirets et parenthèses : ces typographies gênent davantage la lecture, notamment pour les personnes handicapées, dyslexiques ou dysorthographiques, en plus de ne pas avoir une connotation très positive.

Exemples : acteur·rice·s, ingénieur·e·s, ceux·elles, sénior·e·s…

Rappel : composer le mot comme suit : racine du mot + suffixe masculin + point milieu + suffixe féminin. On ajoutera un point milieu supplémentaire suivi d’un « s », pour marquer le pluriel.

Voir aussi une plateforme collaborative en ligne comment écrit-on en inclusif déjà ? Ou des exemples de terminaisons de mots fréquents recensés dans le tableau d’écriture inclusive du Manuel Mots Clés pages 10 à 13.

4. Mots épicènes

Ces mots sont neutres car ils s’écrivent de la même façon au féminin et au masculin. Ils présentent l’avantage d’être moins lourds à la lecture.

Exemples :  secrétaire, personne, ministre, collègue, élève, prestataire, destinataire…

Bien sûr, cela nécessite un petit travail de sémantique en amont pour trouver des équivalents épicènes aux mots que l’on a l’habitude d’utiliser. Parfois, ils n’existent pas, dans ce cas-là, le point médian peut devenir nécessaire.

Astuce : s’aider de dictionnaire des synonymes épicènes en ligne

5. Formules englobantes

Employer des termes génériques et universels ne gêne pas le référencement naturel. Ces formulations ne pénalisent pas non plus les personnes handicapées, dyslexiques ou dysorthographiques. À placer dans les titres ou balises.

Exemple : la clientèle, la direction, le corps enseignant, la population française…

6. Double flexion

On peut  se servir de la double flexion, qui permet de décliner le masculin d’une part et le féminin d’autre part, pratique aussi pour les titres ou balises.

Exemples : les directeurs et les directrices, les pharmaciennes et les pharmaciens, les auteurs et les autrices…

Privilégier l’ordre alphabétique pour l’énumération, dans la mesure du possible, pour plus de neutralité. Attention, cette technique risque d’alourdir la lecture. Cependant, le Haut Conseil à l’Égalité, revient sur ce thème dans son  guide pour une communication sans stéréotype de sexe : il affirme que préciser qu’on évoque aussi bien des femmes que des hommes clarifie bien plus le message qu’il ne gêne la lecture. Si vous souhaitez néanmoins plus de légèreté, optez pour :

  • alterner les formes au masculin et au féminin dans le texte, une fois « client », une autre fois « cliente » ;
  • doubler uniquement l’article au singulier, « le ou la rédactrice web », « la ou le rédacteur web ».

7. Renoncer au masculin et au féminin génériques

Ne plus utiliser « Homme » comme terme générique pour désigner l’ensemble de l’humanité. À l’expression « droits de l’Homme », préférez la formulation « droits humains ». Parlez des « femmes»  plutôt que « de la Femme ».

Vous pouvez choisir et combiner les astuces qui vous conviennent. Surtout, gardez en tête que votre texte doit rester fluide. N’hésitez pas à reformuler une phrase, car certaines tournures permettent plus de neutralité. Un·e professionnel·le de la rédaction web saura manier la féminisation des noms dès que possible, la double flexion par touches, et le point médian (surtout si le lectorat s’y prête), et enrichira ainsi son contenu éditorial.

Claire Chaillet pour La Rédac Du Web
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Malorie Deboni tutrice de formation chez FRW

Sources

Webmarketing-com.com

https://www.motscles.net/ecriture-inclusive

Vidéo SEO Abondance n°156 écriture inclusiv et SEO d’Olivier Andrieu

Manuel d’écriture inclusive  Mots-clés :

https://www.univ-tlse3.fr/medias/fichier/manuel-decriture_1482308453426-pdf

Guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe, Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes :

https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/guide_pour_une_communication_publique_sans_stereotype_de_sexe_vf_2016_11_02.compressed.pdf

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