Les créateurs de site web craignent souvent de ne pas pouvoir respecter un planning éditorial à long terme. On comprend leur angoisse ! Publier régulièrement du contenu original est une tâche essentielle, mais particulièrement chronophage. Entre la nécessité de trouver de nouveaux sujets, la recherche d’informations fiables et la rédaction proprement dite, c’est un travail à temps plein. Si la plupart choisissent de déléguer ces missions à un rédacteur web, la tentation de recourir à des sites de rédaction automatique est grande. Les tarifs sont en effet sans commune mesure avec ceux d’un rédacteur web SEO. Néanmoins, le jeu en vaut-il réellement la chandelle ? Lisez la suite pour comprendre les services qu’ils proposent et pourquoi il faut être prudent dans leur utilisation.
Sites de rédaction automatique : les services proposés et leurs coûts
Pour mieux comprendre les enjeux autour de ces plateformes, il convient de commencer par un panorama des solutions qu’ils proposent à l’heure actuelle.
La reformulation d’un contenu existant sous une nouvelle forme
Cette possibilité (aussi appelée « content spinning ») permet de générer un maximum de contenus en un temps record. Le texte ainsi produit est une simple reformulation d’un article existant. Comme pour un contenu inédit, le but est d’obtenir plus de trafic sur le site tout en contournant le risque de contenu dupliqué. Il est en effet essentiel de s’en prémunir, car cette pratique est fortement pénalisée par Google qui identifie facilement les plagiats. Nous y reviendrons par la suite, mais le faible coût de cette solution explique en grande partie son attractivité. Le fait de mettre en ligne des articles régulièrement est aussi l’une des clés d’un bon référencement.
La génération de contenu original grâce à l’IA (Intelligence Artificielle)
Il s’agit sûrement de l’offre la plus ambitieuse puisqu’elle permet de créer des textes inédits à partir de simples mots-clés. L’outil cherche ensuite sur différents sites web tous les éléments nécessaires à la création d’un article. Cette solution vient directement concurrencer les rédacteurs web, puisque certaines plateformes peuvent générer jusqu’à deux mille mots. La prise en main est également relativement simple. Concrètement, il vous suffit de rentrer les mots-clés qui vous semblent importants sur la plateforme et elle se charge du reste :
- proposition de titre ;
- rédaction de l’introduction ;
- élaboration du plan ;
- composition des paragraphes.
La rédaction d’articles de blog, bien plus complexe que du « content spinning », est donc apparemment à portée de main. Quelques plateformes comme Jasper.ai permettent même de citer les sources utilisées par l’IA si l’utilisateur le souhaite.
Des services additionnels selon les plateformes
Certains sites vous offrent des services supplémentaires qui peuvent vous faciliter la vie. Jasper.ai, l’une des marques les plus développées à l’heure actuelle, vous donne la possibilité de rédiger dans n’importe quelle langue. En général, les sites qui proposent cette fonctionnalité peuvent générer leur contenu dans une trentaine d’entre elles (ce qui semble déjà beaucoup !). Si vous ne connaissez pas le dialecte en question, c’est toutefois risqué. Un travail de relecture est généralement nécessaire lorsqu’on utilise l’IA pour écrire un texte. Enfin, certaines plateformes vous offrent des outils de reporting pour suivre et analyser votre contenu.
Des tarifs pour le moins attractifs
La plupart de ces outils vous promettent des contenus de qualité à des coûts défiant toute concurrence. L’offre la plus complète de Jasper.ai est par exemple de 100 dollars par mois environ. À ce prix-là, le site vous garantit « de longs contenus comme des posts de blog, des reporting, des emails et des articles* ». Les tarifs de Writesonic, un concurrent direct de Jasper.ai, sont à peu près similaires en ce qui concerne l’offre start up (95 dollars par mois). Certains logiciels sont même gratuits. La plateforme Rytr vous propose par exemple de traduire vos textes en 30 langues sans débourser un centime. Vous êtes cependant limité à cinq mille caractères par mois. Au-delà de ce quota, l’abonnement est de 29 dollars mensuels. Si les tarifs sont attrayants, on peut néanmoins s’interroger sur la capacité de l’intelligence artificielle à offrir des contenus de qualité aux internautes.
Les raisons qui doivent pousser à utiliser les générateurs de contenu avec prudence
Les plateformes de rédaction automatique n’ont cessé de s’améliorer avec le temps. Néanmoins, les tendances algorithmiques de Google ne semblent pas favoriser ce genre de contenu.
Google met de plus en plus l’humain au cœur de ses algorithmes
L’objectif principal du célèbre moteur de recherche est de garantir à ses utilisateurs une expérience de navigation optimale. Il en va ni plus ni moins de sa place en tant que navigateur numéro un sur le marché. Or, proposer 15 fois le même contenu sous différentes formes n’est pas gage d’une expérience de qualité pour l’internaute. La célèbre start-up s’est donc armée des meilleurs ingénieurs pour affiner ses algorithmes et déjouer les tentatives de contournement de ses règles. Par ailleurs, les utilisateurs de Google sont des êtres humains au langage bien plus complexe que celui des machines. Et cela, votre navigateur de prédilection l’a bien compris. C’est la raison pour laquelle les algorithmes sont de moins en moins enclins à favoriser des contenus générés automatiquement. Pour illustrer plus précisément cette idée, évoquons quelques mises à jour majeures du moteur de recherche :
Google panda en 2011 : la chasse au duplicate content et au content spinning
Avec cet algorithme, le navigateur s’est doté d’une solution pour filtrer le contenu dupliqué, mais aussi le content spinning. Cette manière de générer automatiquement du contenu à partir d’un texte existant est donc particulièrement risquée. Le fait qu’il s’agisse d’une des plus anciennes mises à jour Google montre aussi son engagement dans la lutte contre ces pratiques.
Hummingbird en 2013 : la « recherche conversationnelle » au cœur des algorithmes Google
La mise en œuvre de cet algorithme a permis d’affiner les résultats de recherche. Au lieu de considérer une phrase comme une succession de mots-clés, Google travaille depuis quelques années à améliorer ce que les spécialistes du SEO appelle la « recherche conversationnelle ». Le plus célèbre des navigateurs a donc l’ambition depuis longtemps de comprendre la complexité du langage humain pour générer des résultats pertinents.
BERT en 2019 : une compréhension du langage humain de plus en plus subtile
Cette mise à jour s’inscrit parfaitement dans la lignée de ce qui avait été initié avec Hummingbird. Cet algorithme vient en effet améliorer le processus de compréhension de la recherche conversationnelle. Une des grandes avancées du moteur de recherche par rapport à Hummingbird, consiste en l’intégration des mots de liaison dans la compréhension des recherches faites par les internautes.
Les mises à jour régulières montrent à quel point Google a à cœur de mieux tenir compte des subtilités du langage humain. Mais l’internaute est aussi à la recherche de contenus à haute valeur ajoutée. Or sur ce terrain-là, les générateurs de contenus automatiques semblent encore avoir du chemin à parcourir.
Des contenus à faible valeur ajoutée et les risques pour votre site
Si votre but est d’attirer un trafic qualifié sur votre site, plusieurs éléments doivent vous inciter à ne pas utiliser ces logiciels les yeux fermés.
Un système de récupération des sources pour le moins opaque
Avec la profusion d’informations disponibles sur le Web, les internautes deviennent de plus en plus exigeants. Ils sont notamment en quête de contenus précis, innovants et fiables. Or à ce jeu-là, les sites de rédaction automatique peuvent difficilement concurrencer les rédacteurs web professionnels. L’utilisation de sources sérieuses est un élément important pour obtenir la confiance des utilisateurs. Pourtant, après avoir minutieusement passé en revue les argumentaires des différents sites de rédaction automatique, rien n’est dit sur la manière dont ces outils récupèrent des informations. Il n’y a donc aucune garantie que les sources utilisées soient vérifiées.
Des contenus parfois peu qualitatifs qui peuvent faire fuir vos visiteurs
La valeur ajoutée de tels articles est aussi fortement compromise dans la mesure où ces plateformes se contentent de synthétiser des informations disponibles sur le Web. Puisqu’il s’agit de simples résumés générés automatiquement, il n’y a ni hiérarchisation des informations ni esprit critique à l’œuvre. Il n’y a pas non plus de réelle expertise SEO, un contenu optimisé étant bien plus complexe qu’une succession de mots-clés. Au lieu d’attirer de nouveaux internautes, de mauvaises expériences à répétition avec un site utilisant des générateurs de contenus automatiques risquent donc de les faire fuir. À long terme, l’effet obtenu peut alors être l’exact opposé de celui initialement recherché.
Que faut-il retenir ?
Les logiciels de rédaction automatique n’ont cessé de se développer depuis plusieurs années. Néanmoins, d’un point de vue du référencement SEO et de l’expérience utilisateur, le recours à ces pratiques n’est pas sans danger. Si vous tenez malgré tout à les utiliser, nous vous recommandons de les limiter à des missions simples comme la rédaction de courtes fiches produits. Par ailleurs, cantonnez-les à des rôles d’outils pouvant vous éviter certaines tâches rébarbatives, mais ne débordez pas de ce cadre. Le prix à payer d’une mauvaise utilisation de ces logiciels dépasserait largement les apparentes économies réalisées.
Claire Lacouture, pour La Rédac du Web.
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Agathe, tutrice de formation chez FRW
Sources principales :
* https://www.jasper.ai/pricing (citation)
https://www.redacteur.com/blog/content-spinning/
https://www.blogdumoderateur.com/seo-mises-a-jour-google/
https://www.blogdumoderateur.com/google-bert-mise-a-jour/
https://hostdebitmedia.com/logiciel-de-redaction-automatique/
